Etats cognitifs et lexiques, structures et flexibilité
Conférencier : Karine Duvignau & Bruno Gaume (Université de Toulouse)
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Date: 26 Mai 2005
Résumé: Nous présentons un projet de recherche qui associe une approche linguistique/neuro-psycholinguistique du traitement du lexique des verbes par des sujets ordinaires VS pathologiques à une approche mathématique/informatique de l'organisation du lexique verbal présente dans les dictionnaires de langue. Notre objectif est, d'une part d'établir que la flexibilité est une fonction fondamentale dans la structuration des connaissances lexicales et, d'autre part, de conférer aux « réseaux petits mondes hiérarchiques » que sont les grands graphes de dictionnaires, le statut d'artéfacts cognitifs.
Par une approche linguistique et psycholinguistique du lexique verbal, nous voulons mesurer l'importance de la flexibilité sémantico-cognitive, repérée en acquisition précoce du lexique, à travers l'étude comparative de la production d'«approximations sémantiques » dans différents états de la cognition :
- au cours du développement lexical précoce des verbes (enfant L1)
- chez des enfants dysphasiques (enfants L1)
- lorsque l'organisation du lexique est relativement stable (adulte non déficitaire L1)
- en situation de déficit lexical particulièrement marqué (enfant et adulte L2)
- en situation de « dégradation » lexico-sémantique (Alzheimer et démence sémantique)
- en situation de problème d'accès lexical (aphasique)
- lorsque le lexique est hors norme du fait de son extrême précision (syndrome d'Asperger)
- chez des autistes de haut niveau
En outre, nous souhaitons confronter ces données au modèle mathématique de l'organisation proxémique du lexique verbal élaboré à partir d'un graphe de dictionnaire (PROX). Si nous aboutissons à une convergence entre le traitement humain et mathématique des approximations sémantiques, alors les « réseaux petits mondes hiérarchiques » dictionnairiques, pourront conquérir le statut d'«artéfacts cognitifs», ce qui ouvrirait une perspective de recherche novatrice à l'interface des STIC-SHS-SDV.
Par la mise en synergie de ces approches, ce projet vise à placer la flexibilité au rang de principe linguistique et cognitif fondamental. La confirmation d'une telle hypothèse viendrait conforter l'opposition à une approche strictement modulariste de l'architecture structurale et fonctionnelle du langage dans le cerveau/esprit humain, en insistant sur le caractère hautement associatif et dynamique des représentations lexicales dans le lexique mental et le lexique artéfactuel. Deux applications pourraient être immédiatement valorisées : contribution à l'enseignement-apprentissage du lexique verbal (L1 et L2), contribution à un dépistage précoce du syndrome d'Asperger.
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